La salle genevoise dédiée à l’exploration des constellations les plus méconnues de l’histoire du cinéma renouvelle son équipe de programmation.

Le Spoutnik, cinéma iconique de la ville de Genève, devient un satellite du centre culturel autogéré de l’Usine en 1989. Avec la volonté de sortir de l’exploitation traditionnelle en proposant un programme de films marginalisés, ignorés ou inconnus. À traver son histoire, le Spoutnik a déjà créé des ponts entre différents acteurs culturels genevois, tels que le festival de la Bâtie, l’espace alternatif Îlot 13 ou encore le Mapping Festival. Désireux d'explorer les possibles entre les films projetés et leurs publics, le cinéma Spoutnik s’est aussi distingué par ses projections expérimentales, dans des lieux insolites (piscine, accélérateur de particules, décharge automobile) ou par des formats originaux, comme les séances open air « écran libre » (le public est invité à amener les films à projeter).

35 ans plus tard, le cinéma Spoutnik rouvre ses portes avec un nouveau mandat et une nouvelle équipe. Nakita Lameiras Ah-kite, réalisatrice de films documentaires d'origine macanaise, Maryam Esmaïl Zavieh, curatrice de cinéma helvético-iranienne, et Karin Schlageter, curatrice d'art contemporain franco-suisse, se chargeront à l’avenir de concevoir le programme du cinéma. « C’est un cinéma historique dont l’engagement est resté fidèle à sa ligne de résistance. C’est une responsabilité de perpétuer sa vision et une joie de participer à la renouveler », ont-elles exprimé dans un communiqué.

 

Un programme intersectionnel 

C’est leur vision artistique militante et leur approche intersectionnelle qui les rassemblent et guident leurs efforts. Ainsi, la nouvelle équipe explique vouloir adopter une perspective engagée, allant du militantisme décolonial, à l’émancipation des personnes lgbtqia+, en passant par les luttes paysannes. Elle compte élargir la programmation afin d’y inclure des projections pour les personnes sourdes et malentendantes ou programmes accompagnés d’ateliers pour les enfants. En outre, il est annoncé que plusieurs axes de la programmation exploreront les dialogues possibles entre le cinéma et d’autres arts, comme les arts plastiques, la danse ou encore la cuisine, au travers des partenariats interassociatifs. Le défi est considérable.

À ce stade, la nouvelle équipe souhaite préserver l’esprit du Spoutnik et rester fidèle à l’engagement historique du cinéma, tout en explorant davantage l’insolence qui lui est propre. « Spoutnik est pour nous un cinéma de films-organismes-vivants différents – à la recherche “d’autres récits” et “d’autres formes. »